Secteur industriel
3. Production d’énergie

Les unités de production électrique implantées sur le littoral français sont des centrales thermiques classiques, des centrales électronucléaires et des éoliennes. Dans les deux premiers cas, le choix d’un site de production électrique est conditionné par les possibilités de refroidir ou diluer les effluents de la centrale. La mer, source froide naturelle et stable, rend la proximité du littoral intéressante pour la construction de centrales nucléaires ou thermiques. Cette implantation permet aussi de réduire les coûts de transports de combustible. Enfin, la mer est pourvoyeuse d’énergie, comme l'illustrent, sur le littoral français, une centrale marémotrice en estuaire et des projets de parcs éoliens et d’hydroliennes sur le littoral et au large des côtes.

3.1. Les centrales thermiques et nucléaires littorales

Les grosses unités littorales de production électrique fournissent une part importante de la puissance installée en métropole et notamment un peu plus de 30% de la puissance nucléaire totale.

Tableau 1. Centrales électriques installées sur le littoral - chiffres 2012-2013
Unités / tranches Puissance nette (MW) Source d'énergie Mise en service (années) Emplois 2012-2013 (personnes) 8
Dunkerque (port) 1 1 et 2 2 x 400 Cycle combiné gaz naturel 2005 48
Gravelines (avant-port de Dunkerque) 2 1 à 6 6 x 900 Nucléaire 1980-1985 2262
Penly (Manche est) 1 et 2 2 x 1300 Nucléaire 1990-1992 918
Paluel (Manche est) 1 à 4 4 x 1300 Nucléaire 1984-1986 2285
Le Havre - port 3 1 600 Charbon 1968 301
Flamanville (Manche ouest) 4 1 et 2 2 x 1300 Nucléaire 1985-1986 1120
Estuaire de la Rance 240 Marémotrice 1966 30
Dirinon (Finistère) 5 2 x 85 Turbines à combustion 2011 7
1.7 Eoliennes 2004
Cordemais (estuaire de la Loire) 6 2 et 3 2 x 700 Fuel 1976 650
4 et 5 2 x 600 Charbon 1983-1984
Le Blayais (Gironde) 1 900 Nucléaire 1981 2020
2 900 Nucléaire 1982
3 et 4 2 x 900 Nucléaire 1983
Martigues 7 2 x 465 Cycle combiné gaz 2012-2013 77
0.1 Centrale photovoltaïque 2013
Total 24742 9718
  • 1 Emprise de 4,5 ha. Utilisation de gaz provenant d'une unité sidérurgique et d'un terminal gazier voisins. Emplois 2010.
  • 2 Emprise : 150 ha, dont les deux tiers ont été gagnés sur la mer.
  • 3 Une unité au fuel démantelée. Deux unités au charbon à l'arrêt. L'unité restante de 600 MW au charbon est en rénovation en 2014. Mise en service fin 2014.
  • 4 EPR en construction ; mise en service reportée de 2012 à 2016 ; effectifs sur chantier : 2850 fin 2013.
  • 5 TAC rénovées récemment mais construites antérieurement. Estimation Ifremer de l'emploi moyen. Les TAC de Brennilis, dans le même département, ne sont pas considérées ici comme littorales.
  • 6 Unité 1 au fuel, mise en service en 1970, en cours de démantèlement.
  • 7 Emprise : 52 ha.
  • 8 Données d'emplois révisées par rapport aux éditions précédentes : prise en compte des personnels permanents (exploitants et extérieurs).

Source : EDF, GDF-Suez.

3.2. Energies renouvelables marines

3.2.1. Eoliennes en mer

L’éolien en général, et offshore en particulier, a atteint sa maturité industrielle ; sa rentabilité commerciale dépend inévitablement des prix de rachat par le réseau. L’Europe, pionnière de l’éolien en mer, comptait 2080 unités en service en 2013 et représentait 90% de la puissance offshore mondiale installée en 2012. Il s’agit d’éolien posé dans la quasi-totalité des cas (fût fixé sur une embase fixée elle-même sur le sol marin), l’éolien flottant ne faisant l’objet que d’un petit nombre d’unités pilotes.

Les projets en mer ont été jusqu’à présent réalisés en mer du Nord (66% de la puissance installée), en Baltique (17%) et en Atlantique (16%). Si le Royaume-Uni, le Danemark, l’Allemagne et la Belgique restent leaders, d’autres pays investisseurs apparaissent (Espagne, Irlande, Finlande). Il existe des projets offshore hors Europe, en Chine notamment : 250 MW en service, 1860 MW dont la construction est prévue pour 2014, 3750 MW à construire à partir de 2015 (source : Offshore Wind China).

Les investissements européens 2013 en éolien offshore sont estimés de 4,6 à 6,4 milliards d’euros (source : EWEA).

Tableau 2. Capacité éolienne offshore installée en Europe
Puissance (MW)
1993 5
1994 7
1995 12
1996 29
1997 29
1998 32
1999 32
2000 36
2001 86
2002 256
2003 532
2004 622
2005 712
2006 804
2007 1123
2008 1496
2009 2073
2010 2956
2011 3829
2012 4995
2013 6562

Source : EWEA

Tableau 3. Capacité éolienne offshore installée en Europe 2013 : les principaux pays
2013 (MW)
GB 3681
Danemark 1271
Belgique 571
Allemagne 520
Pays-Bas 247
Suède 212
Finlande 26
Irlande 25
Espagne 5
Portugal 2
Norvège 2

Source : EWEA

Le Royaume-Uni (3,7 GW) représentait 47% de la capacité installée en Europe en 2013 (Danemark 22%, Allemagne 15%, Belgique 12%) ; son effort va se poursuivre, le plan gouvernemental pour les énergies renouvelables prévoyant, pour l’éolien offshore, 18 GW installés et 25 GW en commande en 2020 (source : Crown Estate).

3.2.2. Projets français d’éolien posé offshore

  • Aucune unité n’est en service à ce jour.
  • Objectif 2020 : capacité éolienne offshore de 6GW d’éolien posé, soit environ 1200 unités.
  • Premier appel d’offres en juillet 2011. Attribution des lots en avril 2012, pour une construction des unités prévue à partir de 2015 sur quatre zones :
    • Fécamp (Haute-Normandie), 88 km², 498 MW, 83 unités de 6 MW
    • Courseulles-sur-mer (Basse-Normandie), 77 km², 450 MW, 75 unités de 6 MW
    • Saint-Brieuc (Bretagne), 180 km², 500 MW, 100 unités de 5 MW
    • Saint-Nazaire (Pays de la Loire), 78 km², 480 MW, 80 unités de 6 MW.
  • Deuxième appel d’offres en mars 2013. Attribution des lots en mai 2014 sur deux zones :
    • Le Tréport (Haute-Normandie), 110 km², 500 MW
    • Yeu-Noirmoutier (Pays de la Loire), 79 km², 500 MW.

    Soit 124 unités de 8 MW pour l’ensemble de ces deux lots. Une telle puissance unitaire est ambitieuse : la puissance unitaire moyenne de l’éolien en service en Europe était de 4 MW en 2013.

3.2.3. Eolien flottant : situation internationale

L’éolien flottant fait l’objet de projets pilotes. Les problèmes de maintenance mis à part, il permettrait l’installation des unités loin des côtes dans des eaux plus profondes grâce à une structure sans embase fixe et peut donc utiliser des vents plus forts. Il est, pour l’instant, plus coûteux que l’éolien posé.

  • Hywind, projet norvégien, fait l’objet d’un prototype installé en 2009 au large des côtes norvégiennes par 200m de fond et utilise un tirant d’eau de 100m (2,3 MW). Une zone de test pour un parc pilote de 3 à 5 unités est recherché vers le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
  • WindFloat, prototype installé à 6 km des côtes portugaises au nord de Porto par 45m de fond, fait actuellement l’objet de test sur une unité de 2 MW ; la phase pré-commerciale consisterait à installer 3 à 5 unités de 6 à 8 MW chacune vers 2016-2017.
  • Des entreprises japonaises, néerlandaises et américaines investissent par ailleurs dans des projets concurrents.
  • La France a deux projets d’éolien flottant : l’un d’eux est en cours de reconfiguration et fait l’objet de tests à l’Est du Cotentin. L’autre, plus avancé, fera l’objet de deux prototypes, installés en 2014 et 2015 au large de Fos-sur-mer ; un parc expérimental de 13 unités d’une puissance totale de 30 MW serait installé dans la même zone à partir de 2017.

3.2.4. Autres énergies marines (liste succincte)

L’éolien posé constitue l’essentiel des énergie marines à l’heure actuelle, s’agissant des unités opérationnelles. Les autres filières soit n’ont pas atteint la maturité technologique des éoliennes et font l’objet de tests en mer, soit l’ont atteinte sans faire l’objet d’un développement à grande échelle. En France, un appel à manifestations d’intérêt a été clôturé en octobre 2013, pour des projets pilotes concernant l’hydrolien marin, l’houlomoteur, l’éolien flottant et les énergies thermiques des mers.

  • Energie hydrolienne en France : une unité a été immergée au large de Paimpol-Bréhat selon une technique d’origine irlandaise. Elle fait l’objet de test depuis 2011 et devrait être suivie de trois autres hydroliennes. Puissance totale annoncée du parc : 2 MW. Un autre site d’essai est prévu en France, en Gironde.
  • Energie hydrolienne à l’étranger : bien que la technique soit considérée comme suffisamment mûre, on note un nombre limité de projets en Europe, essentiellement britanniques mais aussi allemands, au large de l’Ecosse et de l’Irlande du nord : les eaux du Royaume-Uni concentrent 75% du potentiel énergétique hydrolien en Europe et les eaux françaises 15%.
  • Houlomoteurs : plusieurs pilotes offshore en cours de test ou annoncés au Royaume-Uni (p.ex. Pelamis testé dans la zone marine des Orcades), Danemark, Belgique, Suède, Australie, Etats-Unis.
  • Centrales marémotrices : après le premier équipement majeur au monde – la centrale de la Rance (240 MW) en 1966 – la filière a fait l’objet d’un nombre limité d’investissements, le plus récent d’entre eux étant le seul de taille importante :
    • Annapolis Royal, Canada, Nouvelle-Ecosse, 20 MW, mise en service en 1984,
    • centrale de Jiangxia, Chine, 3,2 MW, mise en service en 1985,
    • centrale du lac de Sihwa, Corée du Sud, 254 MW, mise en service en 2011.
    Les nouveaux projets sont nombreux, souvent de taille modeste, bien que certains soient particulièrement ambitieux (1320 MW annoncés en Corée). Le problème posé par cette filière tient aux modifications importantes qu’elle provoque sur les masses d’eaux côtières des zones exploitées.
  • L’énergie thermique des mers (ETM) utilise la différence de température entre sources chaudes et sources froides, particulièrement exploitable dans les eaux marines des zones tropicales. Elle est l’objet d’un accord franco-américain pour des tests sur un prototype à terre.