Secteur industriel
4. Construction navale

Le secteur regroupe la construction et la réparation de navires civils et de défense, l’équipement naval et la construction nautique. Ces segments de production se différencient par la spécialisation technologique, la concentration, la taille et la nature des marchés. Mais certaines entreprises se diversifient sur plusieurs segments.

4.1. Construction de navires civils et militaires

Tableau 1. Chiffres-clefs de la construction de navires civils et militaires 1
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Chiffre d'affaires (M€) 3703 3757 3625 4250 3930 ND 3988 3461 3840
Valeur ajoutée (M€) 2 1043 1201 1150 1333 1144 ND 661 872 1143
Emploi (personnes) 3 20546 19711 18591 20597 18467 ND 11195 12547 13398
Emploi ETP (personnes) 4 ND ND ND ND ND ND 10228 11015 11379
Nombre d'entreprises (entreprises) 110 ND 146 149 151 ND 137 153 135
Taux d'exportation (%) ND ND 26 33 39 ND 35 45 13
  • 1 Données révisées par rapport aux éditions précédentes. Regroupement des données sur les navires civils et sur les navires militaires de 2003 à 2007, élaborées séparément dans les statistiques d'entreprises des comptes nationaux.
  • 2 Valeur ajoutée aux prix du marché. Données estimées pour 2003-2004.
  • 3 Effectif salarié au 31/12.
  • 4 Effectifs salariés en équivalents temps plein.
  • ND non disponible

Source : INSEE/SUSE et SESSI pour 2003-2007, secteurs NAF 35.1A et 35.1B ; entreprises d'un CA inférieur à 76300 euros exclues sur 2003-2004; micro-entreprises exclues sur 2005-2007. Données complémentaires fournies par les entreprises pour 2003-2004. INSEE/Esane pour 2008-2011, secteur NAF 2008 30.11Z, entreprises de 1 salarié ou plus. Douanes pour les données d'exportations (transactions d'un montant supérieur ou égal à 1000 euros).

Observations

  • Les évolutions jusqu’à 2012 sont marquées par la baisse de la demande mondiale de navires et la baisse des prix en dollars. Elles sont aussi marquées par un renforcement de la prépondérance des chantiers asiatiques sur la plupart des marchés. La baisse de la demande est due principalement aux surcapacités des transporteurs maritimes qui continuent de prendre livraison de commandes antérieures, compensées en partie seulement par les opérations de démantèlement et les annulations de commandes. D’où la cessation d’activités de plusieurs chantiers (source : BRS).
  • La Chine (part de marché de 45% en 2012 en tonnages des carnets de commandes), la Corée (en légère baisse à 29%) et le Japon (18%) exercent une domination incontestée sur les principaux marchés de navires de commerce et de services.
  • En 2011, la construction navale de l’UE-28 représentait :
    • un peu plus de 4000 entreprises,
    • un chiffre d’affaires cumulé de 24,7 milliards d’euros,
    • une valeur ajoutée (aux coûts des facteurs) de 6,8 milliards d’euros,
    • un emploi d’environ 130 000 salariés (source : Eurostat).
    • Avec la Norvège (le plus gros constructeur naval européen) et la Turquie (données 2009 seulement), l’ensemble représentait un peu plus de 4700 entreprises, un CA cumulé de près de 35 milliards d’euros, une valeur ajoutée de près de 10 milliards et un emploi d’environ 160 000 etp.
  • Les chantiers de la zone euro, handicapés par le taux de change, la récession économique et la difficulté de mettre en place les montages financiers dont dépendent les commandes de navires, représentaient une part de marché de 1% en 2012 (source : CESA). Les navires de croisière restent une spécialité européenne mais un chantier japonais fait partie des cinq chantiers majeurs.
  • Les chantiers français sont actifs dans les navires à passagers, les navires de défense, de services offshore, de services portuaires et de pêche.
  • Les principales spécialités des chantiers européens sont : navires de services offshore (Norvège, GB), navires de croisière (Italie, Allemagne, Finlande, France), navires de commerce à forte valeur ajoutée technologique (Allemagne, Espagne), navires de défense (GB et France), FPSO (Espagne), navires scientifiques (Allemagne, GB, France).
Tableau 2a. Construction de navires et de structures flottantes : chiffres d'affaires des principaux pays européens
2011 (Md€) 2010 (Md€)
Norvège 8 7.4
Royaume-Uni 4 3.6
France 4 3.5
Italie 4 5
Allemagne 4 4.9
Espagne 3 3.7
Pologne 1 0.8
Roumanie 1 0.9
Croatie 1 0.8
Finlande 1 0.8
Suède 0 0.2

Source : Eurostat

Tableau 2b. Construction navale européenne : nombre d’entreprises et emplois
Nombre d'entreprises 2011 (entreprises) Nombre de salariés ETP 2011 (effectifs)
Norvège 282 22
Royaume-Uni 418 21
France 134 11
Italie 878 11
Allemagne 111 13
Espagne 426 10
Pologne 564 8
Roumanie 260 16
Croatie 198 9
Finlande 105 4
Suède 126 1

Source : Eurostat

4.2. Equipement naval

Le secteur de l’équipement naval est fournisseur des chantiers de construction et de réparation et des armateurs. L’activité comprend la fourniture de biens d’équipement et celle de services. La fourniture d’équipement comprend deux catégories :

  • la fabrication d’équipements techniques, notamment appareil propulsif, équipements électriques et électroniques, équipements de manutention à bord, de navigation et de passerelle, pompes, ventilation et climatisation ; la fabrication de peintures ;
  • la fabrication d’équipements montés et essayés, sous forme de modules dans leur environnement technique, ou préfabriqués, et de systèmes complets tels que l’installation de ventilation et conditionnement d’air ou l’agencement des locaux publics et des zones de cabines des navires à passagers.

La fourniture de services comprend des bureaux d’études et sociétés d’ingénierie spécialisées dans la construction navale.

Cette couverture est élargie par rapport à celle des éditions précédentes des DEMF.

Chiffres-clefs

  • Chiffre d’affaires 2011-2013 : environ 3,4 milliards d’euros, dont équipementiers de navires de commerce (environ 2,1 milliards d’euros) et de navires de défense (environ 1,3 milliards d’euros) (estimations Gican).
  • Effectifs 2011-2013 estimés à 17 700 ; dont environ 13 000 pour la fabrication de biens d’équipement, environ 4 700 pour la fourniture de services d’ingénierie et de soutien (y compris contrôle et classification) (estimations Gican).
  • Valeur ajoutée 2011-2013 : 950 millions d’euros (estimation Ifremer à partir des statistiques sectorielles comptables sur la fabrication de biens d’équipements : codes sectoriels NAF 2008 26, 27, 28)

Sources : Groupement des industries de construction et activités navales (Gican) ; INSEE.

4.3. Réparation et maintenance navale

L’activité de réparation navale regroupe :

  • maintenance et réparation de navires civils (hors navires de plaisance) ;
  • conversion des structures de navires ;
  • démolition des navires déclassés.

La réparation-maintenance est principalement une opération de services, intégrant de la fourniture d’équipements (de remplacement), tandis que la conversion est plus proche de la construction navale, donc majoritairement manufacturière. La démolition est un service pour le propriétaire de navire et une fourniture de matériaux pour les utilisateurs en aval tels que la sidérurgie. Les services de réparation se différencient de la construction-conversion par des temps d’intervention plus courts.
Jusqu’en 2007, les statistiques sectorielles prenaient en compte la réparation-maintenance des navires de commerce ; depuis 2008, elles prennent aussi en compte la réparation des navires de défense et des bateaux de plaisance.

Tableau 3. Chiffres-clefs de la réparation et maintenance navale
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Chiffre d'affaires (M€) 241 ND 408 385 441 ND 897 973 911
Valeur ajoutée (M€) 83 ND 137 127 145 ND 305 313 282
Emploi 2 3099 ND 3033 2564 2608 ND 6209 5432 4878
Emploi etp 3 ND ND ND ND ND ND 5523 4908 4478
Nombre d'entreprises 4 285 ND 428 445 433 ND 2220 2283 2080
Taux d'exportation (%) 34 ND 25 26 32 ND 2 1 1
  • 2003 Données SESSI pour chiffre d'affaires, valeur ajoutée et exportations (enquète annuelle portant sur un échantillon de 28 entreprises). Données SUSE pour le nombre d'entreprises et l'emploi.
  • 2 Effectif salarié au 31/12.
  • 3 2009-2011: effectif salarié en équivalents temps plein.
  • 4 Entreprises de 1 salarié et plus.

Source : SESSI pour 2003 (secteur NAF 35.1C, entreprises de 20 salariés et plus). INSEE/SUSE pour 2003-2007 (entreprises de CA inférieur à 76300 euros exclues en 2003, micro-entreprises exclues en 2005-2007). INSEE/Esane pour 2008-2011 (NAF 33.15Z, entreprises de 1 salarié et plus). Douanes pour exportations 2004-2011 (transactions d'une valeur supérieure ou égale à 1000 euros ou d'un volume supérieur ou égal à une tonne).

La rupture statistique de 2008 modifie la population des entreprises du secteur par l’intégration de la réparation de navires de plaisance, intégrée au secteur de la construction nautique jusqu’en 2007.

Contexte européen

  • Pour l’UE-28, le secteur représentait un chiffre d’affaires cumulé de 7,6 milliards d’euros en 2011 (source : Eurostat).
  • Hors UE, les seuls pays significatifs sont la Norvège (1,5 milliard d’euros en 2011) et la Turquie (400 millions d’euros en 2009). Le chiffre d’affaires de l’ensemble UE-28 + Norvège + Turquie est d’un peu moins de 10 milliards d’euros.
  • Emploi : 70 000 personnes dans l’UE-28. Estimé de 80 à 90 000 pour l’Europe entière.

L’impact de la situation économique et des difficultés des armateurs est sensible sur le secteur européen. A l’exception remarquable de la Norvège (où la productivité du travail du secteur est de loin supérieure à celle de ses concurrents européens), l’activité stagne ou baisse sur les années récentes. L’emploi est à la baisse dans la plupart des pays sauf en Norvège, en Croatie et au Royaume-Uni.

On observe une tendance à la concentration des chantiers de réparation à l’échelle internationale comme à l’échelle européenne.

Tableau 4a. Réparation navale en Europe : chiffres d'affaires des principaux pays
2009 (M€) 2010 (M€) 2011 (M€)
Norvège 948.3 1020.8 1458.8
Italie 1036.9 1060 1005.1
Espagne 1059.3 1077.8 952.8
France 903.1 972.6 910.7
Allemagne 1252 950.6 697
Royaume-Uni 371.9 522.6 448.3
Pologne 396.1 384.1 417.4
Suède 288.7 298 320.5
Danemark 299.6 279.6 299.7
Grèce 235.2 259.6 234.2
Belgique 226.3 174.4 199.6

Source : Eurostat

Tableau 4b. Réparation navale en Europe : emplois dans les principaux pays
2009 (ETP) 2010 (ETP) 2011 (ETP)
Turquie 15182 ND ND
Espagne 11297 10278 9249
Roumanie 7872 6102 6102
Pologne ND ND 5979
Italie 6697 6547 5781
Allemagne 6546 5043 4534
France 5359 4908 4478
Norvège 3691 3946 4297
Royaume-Uni 3451 ND 3857
Pays-Bas 3592 3094 3349
Croatie 2716 3256 2884
Grèce 3687 3785 2815
Portugal 1785 1712 1570
Suède 1485 1455 1436
Danemark 1128 1114 1139
Belgique 1441 1003 874
  • Turquie Donnée 2011 manquante
  • Roumanie Données 2009 et 2010
  • Pologne Donnée 2009 manquante

Source : Eurostat

4.4. Construction nautique

La construction nautique regroupe la construction de voiliers, bateaux à moteur, pneumatiques à structure souple ou semi-rigide et autres embarcations de plaisance ou de sport telles que barques, canoës, kayaks et skiffs (hormis le matériel pour sports nautiques et les planches à voile). Depuis 2008, les statistiques ne prennent plus en compte la réparation, l’aménagement et l’entretien des bateaux de plaisance : ces activités sont regroupées avec la réparation navale.

Tableau 5. Chiffres-clefs de la construction nautique française
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Chiffre d'affaires (M€) 1591 1705 1832 1990 2174 ND 1040 1133 1238
Valeur ajoutée (M€) ND 541 590 645 719 ND 277 372 372
Emploi 1 11149 11531 11901 12683 12874 ND 8382 7396 7479
Emploi ETP 2 ND ND ND ND ND ND 7441 6634 6822
Nombre d'entreprises 827 840 1269 1435 1469 ND 352 385 394
Taux d'exportation (%) 43 44 47 47 47 ND 51 47 51
  • 1 Effectif salarié au 31/12.
  • 2 Effectif salarié en équivalents temps plein.

Source : INSEE/SUSE pour 2001-2007 (secteur NAF 2003 35.1E, y c. réparation de navires de plaisance), entreprises de 1 salarié et plus, sauf entreprises d'un CA inférieur à 76300 euros pour 2003-2004, sauf micro-entreprises pour 2005-2007. INSEE/ESANE pour 2008-2011 (secteur NAF 2008 30.12Z), entreprises de 1 salarié et plus. Rupture statistique en 2008. Données des Douanes pour exportations (transaction d'une valeur supérieure ou égale à 1000 euros ou d'un volume supérieur ou égal à une tonne).

Observations

  • La construction nautique française a été fortement touchée par la récession et la baisse de la demande. L’activité a perdu un millier d’emplois de 2009 à 2010 ; la perte est estimée à 5000 emplois en 2010 pour l’ensemble de la filière, constructeurs, fournisseurs et sous-traitants compris.
  • Un redressement des ventes et du taux d’exportations était sensible de 2010 à 2011, tandis que les immatriculations restaient orientées à la baisse en France, y compris en 2012.

La filière nautique dans les régions françaises

La profession définit la « filière nautique » comme l’ensemble regroupant les ports de plaisance, la construction nautique, les équipementiers, les loueurs maritimes et fluviaux, le négoce, la maintenance, l’importation, les sports nautiques et tous les services associés (architecture, courtage, écoles, gardiennage, assurance, presse) (source : FIN).
D’un chiffre d’affaires estimé à 1,4 milliards d’euros en 2009 pour 13500 emplois, la répartition régionale de la filière se présentait comme suit :

Tableau Filière nautique : répartition régionale
Part du chiffre d’affaires 2009 Part des effectifs 2009
Méditerranée (PACA, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Auvergne, Corse) (%) 34 36
Grand Ouest (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire, Centre) (%) 33 33
Sud Atlantique (Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Limousin) (%) 18 17
Nord-Est (Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Île-de-France, Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardennes, Franche-Comté, Lorraine) (%) 14 12
Outre-mer (%) 1 2

Source : Fédération des industries nautiques, 2010.

Contexte européen

Le chiffre d’affaires cumulé des pays de l’UE dépassait les 9 milliards d’euros en 2011 dans le secteur de la construction nautique pour 4700 entreprises et environ 48000 salariés.

Les activités de la plupart des pays européens ont peu progressé sur la période 2008-2011 quand elles n’ont pas fortement chuté (Italie), à la différence de la phase favorable des première années 2000. Une tendance au redressement est sensible en 2011, particulièrement en Allemagne, mais aussi, plus modestement, en Italie où l’ajustement de l’emploi a été sévère sur la période, à la mesure de la disparition de nombreuses entreprises.

Tableau 6a. Construction de navires de plaisance : chiffres d’affaires des principaux pays européens
2008 2009 2010 2011
Italie (Md€) 3.8 2.8 2.2 2.5
Allemagne (Md€) 2.1 1 1.9 2
France (Md€) 1 ND 1 1.1 1.2
Royaume-Uni (Md€) 0.7 1.1 1.1 1
Suède (Md€) 0.4 0.3 0.3 0.3
Finlande (Md€) 0.4 0.2 0.3 0.3
Pologne (Md€) 0.2 0.2 0.2 0.3
  • 1 Donnée 2008 manquante
  • ND non disponible

Source : Eurostat

Tableau 6b. Construction de navires de plaisance : emplois dans les principaux pays européens
2008 2009 2010 2011
Royaume-Uni (milliers d'ETP) 10 9 11 10
Italie (milliers d'ETP) 12 9 8 7
France (milliers d'ETP) 1 ND 7 7 7
Allemagne (milliers d'ETP) 5 4 5 6
Pays-Bas (milliers d'ETP) 4 4 4 4
Pologne (milliers d'ETP) 2 ND ND ND 4
Finlande (milliers d'ETP) 3 2 2 2
Suède (milliers d'ETP) 2 2 2 1
  • 1 Donnée 2008 manquante
  • 2 Données 2008-2010 manquantes
  • ND non disponible

Source : Eurostat