Aider les scientifiques à élaborer leurs projets

Chiraz Talbi est responsable de la cellule d’appui au montage de projets. Elle anime une équipe de 4 personnes, chargées de faciliter et de promouvoir la participation des scientifiques aux programmes de recherche européens, d'améliorer et de valoriser les résultats de l’Ifremer.

Quel a été votre parcours jusqu'à aujourd'hui ? 

Je suis tunisienne et française. Je suis arrivée en France à l'âge de 26 ans, après un master de “Génétique et biodiversité marine” réalisé à l’Institut supérieur de biotechnologie de Monastir. J’ai ensuite effectué ma thèse sur les virus de la rage, à l’Institut Pasteur à Paris. Je suis venue à Brest grâce à un contrat post-doctoral à l’ANSES1 pour travailler sur les pathologies virales des poissons en aquaculture. Le modèle d’étude était intéressant car les virus que je caractérisais sont de la même famille des virus de la rage. Ce séjour de 18 mois à Brest m’a permis de découvrir la région et de tomber sous le charme de la Bretagne ! 

Par la suite, j’ai voulu rester en Bretagne pour des raisons familiales et j’étais prête à donner une autre orientation à ma carrière. J’ai donc suivi un master en Administration générale des entreprises à l’Université de Bretagne Occidentale, et j’ai fait mon stage à l’Ifremer sur un projet européen. 
J’ai été recrutée à l’Ifremer en 2012 à la cellule de montage de projets, dont j’ai pris la responsabilité en 2018. 

  • 1L’Anses est l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

Notes

    En quoi consiste votre travail ?

    J’anime une équipe de 4 personnes, en charge de l’appui au montage de projets. Une part de mon temps est dédié à l’animation de l’équipe et au suivi des actions planifiées dans notre feuille de route. J’apprécie ce travail d'animation parce que je suis avec des collaborateurs en qui j'ai confiance: nous nous concertons et nous prenons beaucoup de décisions ensemble. J'aime les voir autonomes et leur laisser la liberté de gérer leur dossier tout en restant disponible pour les aider à résoudre des points de blocage.  

    Je suis attentive à la vie de l’équipe, aux personnes.

    Je continue aussi à accompagner les porteurs de projets, cela me permet notamment de  garder le contact avec les chercheurs et de suivre leurs projets. Cet accompagnement peut se faire très en amont de la phase de montage, nous pouvons par exemple être sollicités par des chercheurs qui ont besoin de connaître le programme qui leur permet de financer leur sujet de recherche. 

    Dans ce contexte, notre rôle consiste à :

    • Comprendre le sujet que le chercheur ou la chercheuse souhaite développer
    • Dimensionner le projet par rapport à la taille des partenaires, du budget, etc.
    • Aider les scientifiques sur le plan administratif
    • Aider les scientifiques dans la rédaction de leur projet, en particulier sur des parties para-scientifiques (impact des résultats de leurs projets, comment le mettre en œuvre etc.) 

    Nous allons également à la rencontre des chercheurs. Par exemple, en 2021 nous nous sommes déplacés sur plusieurs sites de l’Ifremer, pour présenter le programme cadre Horizon Europe qui venait d’être lancé. Nous faisons aussi des formations au montage de projets, pour les jeunes scientifiques.

    Le cœur de votre métier, c’est le montage de projets. Pouvez-vous expliquer ce que c’est ?

    Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques conçoivent des projets de recherche et d’innovation pour demander des     fonds auprès de programmes de financements, comme ceux gérés par la Commission européenne, qui sont assez conséquents. En effet l’Ifremer place au cœur de ses priorités des sujets comme le changement climatique, la préservation de la biodiversité et la décarbonation de l'économie bleue. Ces problématiques mondiales de grande ampleur ne peuvent pas se résoudre à une échelle régionale ou nationale. Les programmes de recherche européens s'attaquent à ces problématiques et offrent un cadre unique qui permet de réunir des compétences pluridisciplinaires, européennes et internationales. Ils impliquent des acteurs privés et académiques, de la société civile et des décideurs politiques. Ils accompagnent la recherche dans sa phase de rupture mais aussi dans sa phase appliquée. 

    Ces programmes sont divers et variés, avec des règles de financement et de participation différentes. Notre rôle est de les faire connaître auprès de nos scientifiques. Nous orientons les chercheurs vers les programmes qui répondent au mieux à leurs attentes et à celles de notre projet d'Institut. Nous les accompagnons par la suite dans la préparation de leurs projets pour optimiser leurs chances de succès, car ces programmes sont compétitifs. 

    La sélection se base sur des critères de qualité scientifique, mais aussi sur l’impact des résultats du projet, sur l’environnement ou l’économie. Elle prend en compte aussi les moyens que les scientifiques ont prévu pour faire connaître leurs résultats, pour les diffuser aux acteurs concernés et au public 

    Quels sont vos interlocuteurs à l’Ifremer ?

    Nous travaillons principalement avec les scientifiques, en France Métropole et en Outre Mer. Nous collaborons aussi avec d’autres services au sein de la direction des Affaires Juridiques et Financières, et avec la direction Scientifique, la direction de l'Innovation et la direction des Affaires Européennes et Internationales.

    Quel est votre plus bel accomplissement ?

    C’est lorsque les scientifiques que nous accompagnons obtiennent des financements pour réaliser leurs projets. Nous sommes fiers de contribuer un peu à ces succès !

    Par exemple, 28 % des projets soumis par l’Ifremer ont été retenus, dans le cadre du programme de financement européen Horizon 2020, qui a duré de 2014 à 2020. C’est un beau succès, à comparer à la moyenne qui est de 15 % en France et de 21 % en Europe. 
    Un autre bel accomplissement, plus personnel, s’est déroulé durant mon premier mandat de responsable. J'ai été particulièrement touchée par l'un de mes collaborateurs qui, à quelques mois de son départ à la retraite, me confie : « mes meilleures années à l’Ifremer, je les ai passées à la cellule d’appui au montage de projets ».

    Pourquoi avez-vous choisi de travailler à l’Ifremer ?

    J’avais envie de travailler dans un institut de recherche. L’Ifremer est un organisme de recherche pluridisciplinaire, connu et reconnu dans le domaine des sciences et technologies marines au niveau national, européen et international. 

    L’Ifremer porte des ambitions orientées vers un bien commun : notre océan (la protection, la préservation et la valorisation durable de ses ressources...). C'est un Institut riche en compétences et en ressources humaines, mais aussi en moyens techniques d'infrastructures de recherche (flotte, bassins, robotique, etc.).
    Enfin, j’apprécie son ouverture à la société, son engagement pour une science ouverte et partagée et son implication dans les sujets d'éthiques.

    La science n’est pas que pour nous, il faut qu’elle soit partagée.

    Comment s’est déroulée votre intégration ?

    Bien ! L’Ifremer est un organisme ouvert à la pluridisciplinarité, à l’accueil d’étrangers, aux parcours variés. Tout est organisé pour que les nouveaux recrutés soient bien accueillis, avec des dispositifs pour faciliter l’intégration. 

    Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans le fait de travailler à l’Ifremer ?

    C’est un institut qui a quelque chose de magique ! Nos scientifiques sont passionnés par leur métier et ils arrivent à nous communiquer cette passion. 

    Qu’est-ce qui vous a le plus impressionnée à l’Ifremer ?

    Quand j’ai vu le Nautile pour la première fois à Toulon ! C’est un symbole puissant pour les chercheurs Il nous parle de la vie de l’explorateur, du scientifique, de ses aventures et de ses succès…

    Quel message aimeriez-vous partager avec un jeune qui souhaiterait faire ce métier ?

    Il faut cultiver sa curiosité, être ouvert à des domaines très variés et aimer être au service des autres… et surtout de la science !

    Que diriez-vous pour convaincre les gens de venir travailler à Brest ?

    Je suis tunisienne et je me suis attachée à la Bretagne qui a la réputation d’avoir un ciel moins ensoleillé que le ciel tunisien. Il faut venir le vérifier ! 
    Tentez l’expérience de découvrir de nouvelles activités. Ici on est très en fusion avec la nature. J'ai découvert une passion pour le surf et l’escalade sur des sites comme le Rocher de l’impératrice ou encore La pointe du Pen-Hir. Inspirée par nos beaux paysages marins et nos phares, j’ai aussi tenté la peinture à l’huile !