50 jours en mer à bord de la campagne SuchiMed

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L'équipe scientifique de la campagne SuchiMed et l'équipage du Tethys II

L'équipe scientifique de la campagne SuchiMed et l'équipage du Tethys II.

De retour à la Seyne-sur-Mer le 7 juillet dernier, les scientifiques de la campagne SuchiMed ont ramené à terre une nouvelle moisson de données sur la qualité chimique des eaux côtières méditerranéennes françaises. Ces informations permettront de mettre en exergue les zones où un renforcement des actions de réduction des apports polluants depuis la terre est nécessaire. Financées principalement par l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, les campagnes en mer, telles que SuchiMed, sont renouvelées tous les 3 ans et constituent les pierres angulaires du dispositif de surveillance du littoral méditerranéen opéré par l’Ifremer.

De retour à la Seyne-sur-Mer le 7 juillet dernier, les scientifiques de la campagne SuchiMed ont ramené à terre une nouvelle moisson de données sur la qualité chimique des eaux côtières méditerranéennes françaises. Ces informations permettront de mettre en exergue les zones où un renforcement des actions de réduction des apports polluants depuis la terre est nécessaire. Financées principalement par l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, les campagnes en mer, telles que SuchiMed, sont renouvelées tous les 3 ans et constituent les pierres angulaires du dispositif de surveillance du littoral méditerranéen opéré par l’Ifremer.

Tous les 3 ans, ils prennent la mer pour aller prendre le pouls des eaux des côtes méditerranéennes dans le cadre des réseaux de surveillance RINBIO, REMTOX. Cette année, 7 scientifiques de différents organismes (Ifremer, Université de Montpellier, Semantics SC, Université de Toulon, Aix-Marseille Université, Station Stareso, Université du Pays Basque) ont embarqué sous la responsabilité du chef de mission Marc Bouchoucha, chercheur en biologie au centre Ifremer de Méditerranée à la Seyne-sur-Mer. Objectifs : dresser un état des lieux de la contamination chimique en Méditerranée française. Comment ? En traquant 65 contaminants grâce à des stations artificielles de moules de Méditerranée placées sur 70 points situés en mer et 20 dans les lagunes.

Ensemble, ils ont sillonné la côte française de la frontière italienne à la frontière espagnole en passant par la Corse. Mettant à l’eau, au gré de leur voyage, 250 poches de 3 kg de moules réparties sur 70 stations de suivi savamment choisies. Elles y resteront 2 mois et demi, filtrant entre 20 et 25 litres d’eau par jour et accumulant ainsi les éventuels contaminants chimiques présents dans le milieu.
« Chaque station a un intérêt soit « historique » riche de données anciennes et régulières ; soit « réglementaire » car elle reflète la contamination moyenne d’une des masses d’eau de la région définies par les directives européennes cadre sur l’eau (DCE) et stratégie pour le milieu marin (DCSMM) ; soit enfin « sentinelle » lorsqu’elle est située devant les principales sources de contamination comme les exutoires de grandes stations d’épuration, les fleuves ou encore les grandes villes », explique Marc Bouchoucha. Du sédiment et du plancton sont également prélevés sur quelques-uns de ces points. Toutes les moules ont ensuite été récupérées lors de la deuxième campagne SuchiMed qui vient de s’achever. A bord, les échantillons sont préparés en vue de leur analyse à terre.

Après 2 à 3 mois passées dans l’eau, toutes les poches de moules sont récupérées lors d’une seconde mission en mer

Après 2 à 3 mois passées dans l’eau, toutes les poches de moules sont récupérées lors d’une seconde mission en mer.

La santé d’une mer, c’est un tout !

Une telle campagne de 50 jours en mer n’a pas vocation à être renouvelée chaque année, la chimie de l’eau évoluant lentement. Alors le planning de chaque édition doit être optimisé. Si le chef de mission veille à ce que l’on assure le suivi destiné à répondre aux objectifs réglementaires de la DCE, de la DCSMM et de la Convention de Barcelone, il s’entoure de spécialistes d’autres disciplines pour élargir le champ d’investigation de la campagne.
« Connaître l’état chimique des eaux côtières est notre objectif premier, souligne le chef de mission. Mais il est aussi important de comprendre comment les substances contaminantes sont transférées d’une famille de plancton à une autre puis le long de toute la chaine alimentaire ou encore quels sont leurs impacts sur les communautés marines ? Ou encore de savoir s’il y a beaucoup de poissons ou de microplastiques dans ces zones ». Qu’il s’agisse des contaminants chimiques, des plastiques, de la surpêche, du changement climatique… Tous ces maux se cumulent et impactent la biodiversité marine. C’est pourquoi, il est essentiel de mettre ce temps et ces moyens d’exploration au service d’autres problématiques.

Suivi des déchets marins en Méditerranée

L'Ifremer assure le suivi des déchets marins (macro et micro déchets, flottants ou sur le fond) dans le cadre de la Directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM). La dernière évaluation montrait une tendance à l’augmentation des densités de macro déchets flottants et sur les fonds marins portant la Méditerranée au rang de façade la plus impactée par cette pollution (voir notamment la publication 2019). A l'inverse, pour les micro déchets flottants (essentiellement des microplastiques), la tendance était à la baisse.

Les résultats préliminaires des échantillons de microplastiques ramenés lors de la campagne SuchiMed, qui seront utilisés pour la prochaine évaluation de l'état écologique de la Méditerranée dans le cadre de la DCSMM, en 2022, montrent néanmoins que leur concentration reste importante à proximité de villes comme Marseille, Menton et Bonifacio. 89 % des particules retrouvées sont des fragments issus de la dégradation de plastiques de plus grande taille. Quant aux microplastiques dans les sédiments, c'est près de Marseille et de Villefranche que les densités sont les plus importantes.