L'escargot “poilu” des abysses : trois espèces différenciées

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La tomographie permet de "scanner" à 360°, à l'aide de rayons X, l'intérieur du corps du gastéropode, puis grâce à des traitements informatiques de reconstituer tous les organes en trois dimensions

La tomographie permet de "scanner" à 360°, à l'aide de rayons X, l'intérieur du corps du gastéropode, puis grâce à des traitements informatiques de reconstituer tous les organes en trois dimensions.

Trois gastéropodes d’apparence identique révèlent leurs différences sous la loupe des biologistes de l’unité Étude des écosystèmes profonds de l’Ifremer. Un détail qui peut paraître anodin, mais qui ouvre la porte à une compréhension approfondie de leurs capacités d’adaptation et de colonisation. L'étude parue dans la revue Frontiers in Zoology est le fruit de l’inventaire de biodiversité réalisé lors de la troisième campagne Futuna en juin 2012.

C'est au large des îles Wallis et Futuna, à 1500 mètres de fond, que la biologiste Florence Pradillon du laboratoire Environnement profond et la microbiologiste Marie-Anne Cambon du laboratoire de Microbiologie des environnements extrêmes observent une densité importante de gastéropodes peuplant les sources hydrothermales. “Ces gastéropodes, du genre Alviniconcha, sont de relativement grande taille, environ 7 à 8 cm de diamètre à l'âge adulte, et leur coquille de couleur brun-crème est couverte de poils, commente Florence Pradillon. Six espèces sont connues actuellement, dont trois qui coexistent dans notre région d'étude. Or jusqu'à présent, elles étaient réputées impossibles à identifier à l'œil nu et pas davantage au microscope.”

Après avoir opéré les premières coupes en laboratoire, Sven Laming, alors post-doctorant, emploie la tomographie, une technique d'imagerie par scanner, qui permet de visualiser et de reconstituer en 3D les échantillons. Le gain de temps, de l'ordre de plusieurs mois, est précieux. L'anatomie détaillée n'avait été décrite qu'une seule fois, il y a plus de vingt ans, sur une autre espèce du même genre trouvée au niveau de l’arc volcanique des Mariannes. Cette nouvelle étude a ainsi permis de revisiter la toute première description.

Si la morphologie interne anatomique définie dans les années 1990 se voit confirmée, en revanche, à l'extérieur, sur la forme de la coquille, l'équipe constate des signes particuliers. “L'arrangement et la longueur des poils constituent un caractère qui permet de les distinguer, avance Florence Pradillon. La deuxième différence se situe au niveau de l'axe de la coquille.  Si l'on peut sur le fond, ou du moins à bord, les trier par espèce, cela nous permettra de saisir plus finement leur fonctionnement. On pourra ainsi étudier le comportement et  les capacités physiologiques spécifiques de chaque espèce à tolérer certains milieux et expliquer leur distribution.”

Campagne Futuna

La campagne Futuna de 2012, conduite au cœur de la zone économique exclusive de Wallis et Futuna, a été financée dans le cadre d’un consortium public/privé associant Ifremer, Technip et Eramet.