L’Ifremer à Lisbonne pour la Conférence des Nations-Unies sur les océans

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Du 27 juin au 1er juillet 2022, Lisbonne, capitale historique des grandes découvertes maritimes, deviendra le port d’attache de la seconde Conférence des Nations Unies sur les océans. La communauté mondiale s’y donnera rendez-vous pour un focus sur les solutions apportées par la science pour la préservation du plus grand écosystème de la planète. Une délégation de l’Ifremer participera pour la première fois à l’événement. Emmanuelle Platzgummer, chargée de mission à la Direction des affaires européennes et internationales nous détaille l’implication de l’Ifremer et les retombées générées par de tels événements.

Quel rôle jouent ces grandes conférences de l’ONU sur les océans ?

Elles s’inscrivent dans le calendrier des grands rendez-vous au niveau mondial consacrés à l’environnement, à la biodiversité et au climat. Les enjeux océaniques y trouvent désormais leur place :  c’est une évolution que l’on constate avec le « bleuissement » des conférences sur le climat depuis la COP21 à Paris en 2015, et la mise en place par l’ONU de cette conférence sur l’océan, qui s’est tenue pour la première fois en 2017.  Sa vocation est de pousser les leviers politiques et d’identifier les moyens nécessaires pour remplir l’objectif n°14 « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines », un des 17 objectifs de développement durable inscrits dans l’Agenda 2030 des Nations Unies.

L’objectif est d’inverser la tendance face au déclin de la santé de l’océan, ses conséquences sur la planète et le bien-être des populations qui en dépendent. Le principe : rassembler des gouvernants, les agences des Nations Unies, des organisations non gouvernementales, des scientifiques mais aussi des institutions financières ou des entreprises du secteur privé, pour susciter des partenariats et développer des innovations concrètes qui permettront de se rapprocher de l’objectif 14.

Chaque conférence se décline autour d’une thématique. L’édition 2022, co-organisée par le Portugal et le Kenya, vise à renforcer l’action en faveur des océans en s’appuyant sur les avancées de la science et de l’innovation. C’est aussi une occasion pour les Etats de montrer leur engagement sur les grands enjeux mondiaux : après l’organisation du One Ocean Summit à Brest en Février 2022, la France se portera candidate –conjointement avec le Costa-Rica, pour organiser la troisième édition de la Conférence des Nations Unies sur l’océan en 2025.

Comment se déroule l’événement ?

Durant 5 jours, les milliers de participants se répartissent dans différents types de séquences. Les sessions plénières sont le lieu de discussions entre représentants des Etats. La spécificité de la Conférence Océan est d’avoir des séances baptisées « dialogues interactifs », ouverts à la société civile (instituts de recherche, ONG, entreprises) aux côtés des Etats, qui produisent des rapports d’étape sur sept thématiques: la pollution marine, la protection des écosystèmes, le réchauffement de l’océan, la pêche durable, l’économie bleue, la connaissance  la recherche et le transfert de technologies marines, le droit international de la mer, ainsi que les liens entre l’ODD14 et les autres objectifs du développement durable. En plus, tout au long de la semaine sont organisés de très nombreux événements en parallèle, pour mettre en lumière et approfondir certains sujets particuliers.

De quelle manière l’Ifremer s’impliquera dans la conférence ?

L’Ifremer est pour la première fois accrédité pour cette conférence. Quatre Ifremériens feront le déplacement et viendront grossir les rangs de la délégation de la France, forte d’une soixantaine de personnes (ministères, organismes de recherches, ONG…). Le Gouvernement français organise en effet un événement en marge de la conférence « From Brest to Lisbon » le dimanche 26 juin, pour rappeler les « engagements de Brest » et faire prospérer les coalitions lancées lors du One Ocean Summit de Brest en février 2022. La France porte également un side-event « From Science to Action : Blueing the Paris Agreement » le lundi 27 juin.

François Houllier, Président directeur-général de l’Ifremer, est fortement mobilisé durant les 5 jours de conférence. Il interviendra notamment dans:

  • « Ocean of solutions to tackle the climate and biodiversity crisis » porté par la France et organisé par la Plateforme Ocean - Climat
  • « The need for an international panel for ocean sustainability» porté par le CNRS
  • "Advancing women empowerment and leadership in marine scientific research to support inclusive sustainable ocean governance" : organisé par l'Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM)
  •  "Ensuring the stewardship of seabed mineral resources and the protection of the marine environment of the Area for the benefit of humankind" : porté par Singapour, France, Sénégal"
  • Digital ocean systems to support and strengthen implementation of sustainable development goals" organisé par Mercator Ocean International
  • The Ocean Impact Navigator” organisé par la coalition 1000 ocean startups dont fait partie Swen Partners.

Un scientifique de l’Ifremer, Pierre-Marie Sarradin, chimiste et responsable de l’unité de recherche Etude des écosystèmes profonds, sera également présent, de retour de la campagne MOMARSAT dans les Açores. Il participera à l’événement intitulé « Global launching of the Sustainable Seabed Knowledge Initiative (SSKI):  Advancing scientific understanding of deep-sea ecosystems in the international seabed area for the benefit of all humanity », porté par l'Argentine et coorganisé par l'AIFM.

Enfin du côté de la Direction des affaires européennes et internationales (DAEI) de l’Ifremer, je suivrai avec la directrice Natalia Martin Palenzuela, différentes rencontres sur les partenariats et les réseaux scientifiques, comme le Forum de la Décennie des sciences océaniques organisé par la Commission Océanographique Intergouvernementale, le side-event de Future Earth, ou encore le lancement de la Charte de la Mission Océan pilotée par la Commission Européenne. De tels événements sont une occasion magistrale d’enrichir notre réseau et de resserrer les liens de l’Ifremer avec les acteurs de l’océan dans le monde.

Bref, la semaine s’annonce foisonnante…

Pourquoi est-ce important pour l’Ifremer de participer ?

C’est essentiel pour un organisme de recherche tel que le nôtre d’être présent à ces grands rassemblements internationaux, pour porter la voix de la science au cœur des décisions politiques mondiales. La communauté scientifique a l’opportunité de se saisir de ces conférences pour « monter au créneau » et faire remonter des sujets de préoccupations, comme l’acidification des mers ou la nécessité de mieux coordonner les efforts pour l’observation marine par exemple... Je parlais plus haut du « bleuissement » des COP climat, cela n’est pas advenu spontanément mais résulte du travail de fond des scientifiques pour faire reconnaitre le rôle de l’océan dans la régulation du climat.

On reproche souvent à ces conférences de ne pas être suivies d’effets immédiats, mais elles mettent à l’agenda politique des discussions qui produisent des résultats sur le temps long, comme pour le futur traité de protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ Biodiversity Beyond National Juridiction) dont les premières négociations ont commencé il y a 15 ans et que l’on espère voir aboutir en 2022. Ces traités ou conventions d’envergure internationale ont des conséquences concrètes sur la façon dont la recherche est menée, pensez par exemple à la Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer de 1982, qui a consacré la notion de délimitations des espaces maritimes et encadre la conduite des campagnes océanographiques ».

À suivre en livestream

Même si la majorité des événements ne seront pas retransmis en ligne, certaines sessions pourront être suivies à distance en consultant le programme sur le site web de la conférence :