Une approche novatrice pour évaluer les populations de poissons grâce à la génétique

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Sondeur acoustique scientifique portable sur le côté d’un bateau de pêche

Sondeur acoustique scientifique portable sur le côté d’un bateau de pêche.

Partenaire du projet européen PANDORA, ayant pour objectif d’améliorer les modèles d’évaluation des populations de poissons, l’Ifremer a mis au point une méthode innovante basée sur la génétique et reconnue par le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM).

Une méthode testée avec succès sur la raie bouclée

Le centre Atlantique de l’Ifremer a mené des recherches sur les populations de dorade rose et de raie bouclée dans l’Atlantique. Grâce aux connaissances et savoir-faire pratique des pêcheurs de Bretagne, Verena Trenkel, responsable de l’unité Halieutique Grand Ouest, et son équipe ont testé plusieurs méthodes selon l’espèce : acoustique, génétique (ADN dans tissu organique), et environnementale (traces d’ADN dans l’eau).

Les efforts ont porté leurs fruits et les scientifiques ont développé un nouveau modèle qui fait appel à la génétique pour estimer l’abondance d’une espèce. « On a appris beaucoup de choses en développant cette toute nouvelle méthode ; maintenant on sait que c’est faisable et on a compris comment faire. C’est très prometteur ! » témoigne Verena Trenkel.

Dans un échantillon de poissons, les chercheurs identifient les individus apparentés. Leur proportion permet ensuite d’estimer l’abondance de cette espèce. La première implémentation de cette méthode en Europe a été réalisée avec succès pour estimer la population de raies bouclées.

 « Notre ambition était ensuite d’insérer notre travail de recherche sur l’estimation de la population de raie bouclée dans le processus de transfert des résultats scientifiques vers la société. » explique Verena Trenkel. Le pari est réussi puisque le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM) prend désormais en compte les estimations de population basées sur la génétique pour rendre ses avis auprès de la Commission Européenne.

Et le travail continue ! Grâce à un financement du Fonds de Promotion de la Pêche (FPP), la méthode d’estimation basée sur la génétique est en phase d’être appliquée à la population de maigre. 

Ces résultats ont été publiés dans ICES Journal of Marine Science.

À propos du projet européen PANDORA

Fraîchement achevé en avril 2022 après 4 ans de travail, le projet PANDORA avait pour objectif d’améliorer les modèles d’évaluation des populations de poissons mais aussi de participer à l’élaboration des recommandations pour la gestion durable des flottes de l’UE et de créer une boîte à outils accessible à tous sur Internet.

Au total, 8 universités, 11 laboratoires nationaux et 6 partenaires du secteur de la pêche se sont mobilisés à travers 9 pays européens en privilégiant une approche par cas d’intérêt locaux. Chaque partenaire scientifique a ainsi proposé d’étudier les populations des espèces les plus pertinentes localement. Cette approche a permis de prendre en compte les différences régionales, aussi bien au niveau des connaissances existantes qu’au niveau des outils nécessaires pour améliorer la gestion durable des pêcheries.