Chercheuse en génomique des populations et écophysiologie

Vaihiti Teaniniuraitemoana est chercheuse à l’Ifremer, sur le site de Vairao, sur l’île de Tahiti. Ses recherches portent sur l’acclimatation et d’adaptation des poissons, coquillages et crustacés vivant dans les récifs coralliens, face au changement climatique. Pour cela, elle utilise des techniques de pointe en génomique, transcriptomique, génétique… Plongée dans son parcours et son quotidien.

Quel a été votre parcours jusqu’à votre travail actuel ?

Je suis polynésienne, née à Tahiti. Après un bac S, j’ai poursuivi mes études universitaires en France métropolitaine, avec une licence en biologie cellulaire et physiologie à l’Université de Strasbourg, puis un master en écologie aquatique à l’Université de Bordeaux.

J’ai ensuite effectué une thèse sur la reproduction de l’huître perlière. Les compétences acquises lors de cette thèse m’ont permis ensuite de réaliser deux post-docs Le premier en Nouvelle-Calédonie et le deuxième ici, à Vairao. J’ai ensuite été recrutée au Centre Ifremer Pacifique en novembre 2018, en tant que chercheuse en génomique des populations et écophysiologie au sein de l’unité de recherche « Ressources Marines en Polynésie Française » (RMPF), à Vairao, en Polynésie française.

Mes activités de recherche portent essentiellement sur l’étude des mécanismes d’acclimatation et d’adaptation des espèces exploitées ou sauvages des récifs coralliens dans un contexte de changement climatique. J’utilise des approches intégratives, notamment de type « omics » : génomique, transcriptomique, génétique…

Quel est votre plus bel accomplissement professionnel ?

Je débute seulement dans ma carrière professionnelle, je dirais donc encore ma thèse. L’aboutissement de trois années riches en découvertes, en connaissances, en expériences, en galères et réussites… !

Mes principaux défis professionnels sont de porter et mener à bien des projets de recherche fondamentaux et appliqués, utiles pour le Pays et la science en général. J’ai vraiment à cœur aussi de partager cette science, par la formation ou encore la communication. Je suis pour la science pour tous, la science pour la Polynésie, pour la France, pour l’Europe et finalement pour le Monde, me considérant comme citoyenne du monde.

Comment s'est déroulée votre intégration avec vos collègues de travail ?

Personnellement, je trouve qu’il y a une très bonne ambiance dans l’Unité RMPF. On échange facilement et on se soutient, que ce soit moralement, financièrement ou encore scientifiquement. Les interactions avec les services supports, qu’ils soient administratifs ou logistiques, sont aussi excellentes. Bien que très chargés parfois, ils essayent d’être le plus réactifs possible pour trouver une solution au problème en cause.

Que signifie pour vous le fait de travailler à l'Ifremer ? 

Avoir intégré l’Ifremer, c’est très gratifiant pour moi tant sur le plan professionnel qu’humain. C’est comme avoir atteint l’objectif principal de tout mon parcours de formation, d’autant plus que l’Institut est reconnu dans le monde entier, si ce n’est le premier institut en sciences et technologies marines.

Je me reconnais également dans les valeurs que l’Ifremer diffuse : la protection et la restauration de l’océan, l’exploitation des ressources de manière responsable, ou encore le partage des données et de la science pour tous. J’apprécie également la volonté de l’Ifremer de mettre en avant le bien-être de ses employés. Nous avons à l’Ifremer, sur le Centre du Pacifique, de bonnes conditions de travail. En fait, ce sont pour toutes ces raisons que j’ai finalement rejoint l’Ifremer.

Quel est le lieu qui vous a le plus fasciné dans les missions menées à l’Ifremer ?

Probablement la mission sur l'atoll de Reao, le plus à l’est dans l’archipel des Tuamotu, dans le cadre du projet GAIA1 , soutenu par l’Agence nationale de la recherche. J'ai été charmée par l'environnement et les personnes rencontrées. C'est un tout petit atoll, le soleil se lève très tôt à 4 heures et se couche très tôt à 16h… On s'y sent comme dans un petit cocon. Les deux derniers jours, nous avons sillonné toutes les fausses passes, qu'on appelle Ho'a, de l'atoll afin d'y installer des capteurs de température.

  • 1Projet GAIA : ManaGement strAtegy evaluatIon for small-scale fisheries in Atoll lagoons (Évaluation des strategies de gestion des petites pêcheries de lagons).

Notes

    De gauche à droite : Michel Pahuatini, Aquaculteur de bénitiers de Reao, Simon VAN WYNSBERGE, Cadre de Recherche, LEAD-NC, Cristian MONACO, Cadre de Recherche, RMPF, Vaihiti TEANINIURAITEMOANA, Cadre de Recherche, RMPF

    Equipe scientifique lors de leur première mission de terrain du projet ANR GAIA sur l'atoll le plus à l'est de l'archipel des Tuamotu, à Reao. Cette équipe sillonne toutes les fausses passes de l'atoll appelé "hoa" afin d'y installer des capteurs thermiques.

    De gauche à droite : Michel Pahuatini, Aquaculteur de bénitiers de Reao, Simon VAN WYNSBERGE, Cadre de Recherche, LEAD-NC, Cristian MONACO, Cadre de Recherche, RMPF, Vaihiti TEANINIURAITEMOANA, Cadre de Recherche, RMPF.

    Quel message aimeriez-vous partager avec les jeunes filles qui souhaiteraient faire ce métier ?

    Je leur dirai, « ne vous interdisez pas de faire ce type de métier ». Ces carrières sont autant pour les garçons que pour les filles. En fait, durant ma formation scolaire, il y avait beaucoup de filles dans les filières de biologie, et en thèse aussi. Passer le cap d’avoir un poste fixe, c’est peut-être un peu plus compliqué, mais pour les hommes aussi. C’est peut-être encore plus compliqué pour les femmes pour les postes de direction, même si aujourd’hui en France et en Polynésie, il y a une progression dans cette démarche.

    Pour terminer, auriez-vous une devise ou une phrase en Tahitien à nous partager ?!

    Ce n’est pas une phrase, mais une chanson d’un groupe de musique qui fait de la « polynesian folk ». Cette chanson traite du changement climatique et de la protection de notre planète pour nos enfants. Voici un couplet et un refrain :

    ‘Ia paremo te moana no’u | Si l’océan se noie à cause de moi
    ‘Ia marere te mata’i | Si le vent s’envole
    E aha ia ta’u e parau Ia ‘oe e ta’u tama | Que vais-je dire à mon enfant ?
    E maramarama o Ra. E ‘ata’ata o Hina | Le soleil brille. La lune nous sourit
    E purapura te feti’a. Te a’o mai ra te anuanua | Les étoiles scintillent. L’arc en ciel nous dit
    ‘A ‘ara maita’i i te ora ‘A ‘ara mata’i | Prends soin de la vie, Prends bien soin de la vie

    TA’U TAMA – Small Island Big Song ft’ Vaiteani & Luc