Comprendre et prévoir l’évolution de l’océan à l’horizon 2100

Vue de la proue sur la mer et, au fond, la banquise.

Le Pourquoi Pas ? au sud du Groenland.

Pour appréhender les modifications profondes qui affectent le milieu marin, la société doit disposer de nouvelles connaissances. Cette nécessité est renforcée par la prise de conscience de la réalité et de la rapidité du changement global et de ses conséquences. Les scientifiques qui étudient le milieu marin doivent désormais envisager une recherche écoresponsable et intégrer des données de plus en plus nombreuses et variées. Pour relever ces défis, l’Ifremer se donne comme ligne directrice de modéliser le « système océan » et son évolution à l’échelle du siècle.

Faire face aux changements globaux

L’Ifremer ambitionne de décrypter les processus d’évolution et de modéliser l’évolution du système océanique d’ici 2100. C’est le cœur du projet scientifique de l’institut qui est guidé par le besoin de comprendre les changements globaux (climat, pollutions, etc.) et leurs effets pour faire face aux défis environnementaux, marins et maritimes de demain. 

L’étude et la compréhension de ces phénomènes sont d’autant plus cruciales que la plupart d’entre eux sont en accélération. À l’heure actuelle, les scientifiques n’ont pas une compréhension globale des processus en cours. Les capacités de  résilience des écosystèmes par rapport à ces changements rapides sont encore malconnues et on ne connaît pas à ce jour  de solutions évidentes d’adaptation à moyen ou long terme. Il ne s’agit donc pas de prédire l’état exact de l’océan en 2100 mais de comprendre cette évolution, cette transformation, de manière globale et non plus par fragments.

6 enjeux scientifiques prioritaires

  1. Dynamique et impacts de l’évolution de l’océan physique à l’horizon 2100.
  2. Événements climatologiques et géologiques extrêmes.
  3. Interface océan- (sidenote: Lithosphère C'est la couche externe de la Terre. Elle est solide et mesure entre 100 et 200 km d’épaisseur. Elle est composée de plusieurs couches, dont les croûtes terrestre et océanique.  ) .
  4. Biodiversité et écosystèmes marins.
  5. Évolution des organismes vivants dans le cadre du changement global. 
  6. Gestion adaptative et intégrée des écosystèmes marins et des activités humaines qui leur sont liées

Portrait François Houllier
François Houllier
Ifremer | Président-Directeur général
À l’horizon 2030, nous voulons être capables de décrire l’évolution séculaire de l’océan.

Intégrer des données complexes pour atteindre cette ambition

Pour obtenir cette vision systémique de l’océan, les scientifiques du milieu marin doivent désormais intégrer des données de plus en plus variées par leur origine (mesures, observations, photos, textes…), leur nature (données biologiques, physiques, chimiques, socio-économiques…) et les échelles. Ces données sont nécessaires pour se projeter dans l’avenir, modéliser, anticiper et ainsi construire des scénarios plausibles qui favorisent une politique de gestion durable des océans.

Cette ambition nécessite de développer les infrastructures d’observation — observatoires côtiers littoraux, flotteurs profileurs Argo, observatoires de fonds de mer — en complément des campagnes en mer. D’autre part, il est nécessaire de développer les ressources numériques. L’arrivée de l’intelligence artificielle élargit les ressources technologiques dont les scientifiques disposent pour mener leurs activités.

Un jumeau numérique de l’océan

Pour travailler à grande échelle avec une résolution acceptable, la numérisation, la manipulation de grands jeux de données et la modélisation sont essentielles. La prochaine étape est de créer un « jumeau numérique » de l’océan, qui intègre un large éventail de sources de données et de modèles et donne des outils de prévision et d’aide à la décision.

Mobiliser l’ensemble des disciplines scientifiques 

Cette orientation générale implique d’élargir le champ des connaissances et des disciplines mobilisées afin de comprendre l’océan, de concevoir un « océan de solutions » et d’éclairer les décisions publiques et privées. 

L’Ifremer est idéalement placé pour cette approche interdisciplinaire : l’institut est présent sur les 3 grands océans du globe, qu’il étudie de la surface jusqu’aux abysses, du littoral jusqu’au grand large. Il rassemble des spécialistes de l’océan physique, des grands courants, du climat, mais aussi de l’écologie marine et de la biologie des organismes, jusqu’aux plus petits, et enfin des activités maritimes et de leurs effets. L’institut s’active donc à croiser les disciplines et à favoriser les collaborations entre unités, par exemple, par des appels à projets sur des enjeux sociétaux.

Le sujet étant immense, les partenariats sont cruciaux. Par son interdisciplinarité, l’Ifremer est bien placé pour initier et construire des grands programmes de recherches transdisciplinaires, qui associent d’autres instituts de recherche, porteurs de compétences complémentaires, ou des professionnels du monde maritime.

Renforcer la cohérence de la politique territoriale 

L’Ifremer structure des collaborations entre ses centres de recherche et les partenaires académiques, scientifiques et technologiques présents sur ces territoires. Il s’agit de rassembler les forces et de créer des connexions locales entre les disciplines et entre les laboratoires d’un même site, ainsi qu’entre l’hexagone et les Outre-mer. Cela va jusqu’à la création d’unités mixtes de recherche, à la signature et la mise en œuvre d’accords-cadres, ou à la participation à des structures fédératives locales. Un plan d’actions spécifique a été élaboré pour les Outre-mer, pour tirer parti de la présence de l’Ifremer sur ces territoires et prendre en compte le poids des territoires ultramarins dans le domaine maritime français et l’originalité des questions scientifiques qui y sont posées.