Évènements extrêmes

Deux mois à bord du Pourquoi pas ? pour comprendre l’origine des séismes majeurs qui ont frappé Haïti

Publié le
Le Pourquoi pas ?, navire amiral de la Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer

Le Pourquoi pas ?, navire amiral de la Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer.

En 2010 et 2021, des tremblements de terre d'une magnitude supérieure à 7 sur l'échelle de Richter causent des centaines de milliers de victimes en Haïti. Ces séismes trouvent sans doute leur origine dans les deux failles jumelles qui se trouvent de part et d’autres de l’île dans la mer des Caraïbes. Pourant, le modèle classique de la tectonique des plaques ne permet pas d’expliquer comment ces failles ont pu se former… Pour percer ce mystère, une équipe multidisciplinaire embarque du 31 mai au 22 juillet sur le navire amiral de la Flotte océanographique française, le Pourquoi pas ?, pour la campagne Haïti-Twist pilotée par l’Ifremer et Université Côte d’Azur.

Des observations récentes et les enregistrements paléosismologiques montrent que le système de failles transformantes jumelles qui délimite Haïti – la faille Septentrional-Oriente au nord et la faille Enriquillo-Plantain Garden au sud – a produit des tremblements de terre majeurs et des tsunamis dévastateurs. L'âge et l'origine de ces failles, leurs structures, leurs modes de rupture, ou même le rôle des fluides dans leur fonctionnement restent encore très peu connus. Ce sont pourtant des caractéristiques fondamentales pour analyser leur potentiel à produire des séismes et des tsunamis futurs.

Au cours de la campagne Haïti-Twist, qui s’intègre dans un projet transnational impliquant notamment l’Université d’État d’Haïti, les scientifiques chercheront à repérer de petits tremblements de terre qui ne sont habituellement pas détectés par les réseaux terrestres. Pour cela, ils vont déployer des sismomètres à proximité des failles, entre 500 et 5 000 mètres, qui resteront sur place pendant un an. Ils vont également étudier la structure des failles en profondeur, imager les différents blocs tectoniques impliqués dans les processus géodynamiques de la zone (jusqu’à 40 kilomètres de profondeur dans la croûte terrestre), observer la distribution du flux de chaleur autour des failles et essayer de détecter les échappées de fluides grâce à des moyens acoustiques.

Les premiers résultats de la campagne proviendront probablement des carottes sédimentaires qui seront prélevées autour des failles et analysées directement à bord : les sédiments représentent un témoin des événements géologiques passés et aident à établir un registre géologique des tremblements de terre plus anciens que ceux rapportés historiquement par l'Homme : le séisme le plus vieux de mémoire d’homme date de 1750, alors que les carottes sédimentaires permettront de regarder jusqu’à 10 000 ans dans le passé. Les scientifiques pourront évaluer la fréquence des séismes, et comprendre si les mouvements tectoniques le long de ces failles se produisent lors des événements catastrophiques ou plutôt de façon graduelle dans le temps.

Contacts
Service Presse Ifremer
presse@ifremer.fr 06 07 84 37 97 / 06 15 73 95 29