Le changement climatique influe sur la survie des œufs et des larves des poissons

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Juvéniles de hareng étudiés dans le cadre d’un projet visant à comprendre comment les changements climatiques en cours affectent les premiers stades de vie de cette espèce

Juvéniles de hareng étudiés dans le cadre d’un projet visant à comprendre comment les changements climatiques en cours affectent les premiers stades de vie de cette espèce.

De très nombreux facteurs peuvent impacter le taux de survie des œufs et larves de poissons, qu’ils soient naturels comme la prédation ou liés aux activités humaines (destruction des habitats côtiers, pollutions...). Le changement climatique impacte également de plus en plus d’espèces et peut engendrer des conditions environnementales défavorables à la survie des larves de poissons.

Le renouvellement des populations de poissons reste fragile. Un mauvais recrutement sur une année peut suffire à causer une diminution importante de la biomasse les années suivantes.

Clara Ulrich
Clara Ulrich
Coordinatrice des expertises halieutiques à l’Ifremer

Prenons l’exemple du hareng de mer du Nord, une espèce pivot de son écosystème et structurante pour l’économie des pays d’Europe du Nord (25% des débarquements de mer du Nord en France en 2022). Bien que cette population soit exploitée durablement depuis 25 ans, sa biomasse augmente peu depuis 2010. Cela est lié à une longue séquence de faibles recrutements de jeunes poissons, dont l’origine est encore mal comprise.

En 2023, des scientifiques de l’Ifremer ont montré que les pics d'abondance de larves de harengs en Manche orientale et dans le sud de la mer du Nord ne sont plus synchronisés avec les efflorescences de zooplancton, leur principale source de nourriture. Avec pour conséquences, un taux de survie en chute et un renouvellement de la population directement affecté. Aujourd’hui, ils cherchent à comprendre les causes de ces décalages et, de manière plus générale, les effets du changement climatique sur la faible croissance de cette population.

Pour que la pêche soit durable, il faudrait non seulement atteindre l’objectif de 100% des populations de poissons en bon état mais aussi s’y maintenir sur le long terme. Pour cela, il faut considérer et mieux comprendre les facteurs qui influencent le développement des œufs et des larves de poissons, en particulier avec le changement climatique.

Clara Ulrich
Clara Ulrich
Coordinatrice des expertises halieutiques à l’Ifremer

Si l’Ifremer travaille depuis de nombreuses années sur les effets du changement climatique sur le milieu marin, la reproduction et la croissance des poissons, ses recherches sont appelées à s’intensifier. Elles permettent de mieux anticiper les évolutions du développement des jeunes poissons, leurs impacts sur la gestion de la pêche et, donc, sur l’état des populations dans les prochaines décennies.