Tendance favorable depuis 20 ans : des efforts à poursuivre

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La situation s’est considérablement améliorée dans l’Atlantique nord-est sur la plupart des populations. « En moins de vingt ans, la part des populations en bon état dans les débarquements est passée de 9 % à 43 % », constate Alain Biseau, biologiste à l'Ifremer et membre du comité d’avis du CIEM (Conseil international pour l’exploration de la mer).  A l’échelle européenne, la pression de pêche a fortement diminué dans les années 2000-2010, grâce à la volonté des gestionnaires et aux efforts des professionnels de la pêche, et elle diminue encore ; la biomasse des reproducteurs a augmenté de près de 40% dans le même temps.
État écologique des populations exploitées en France métropolitaine entre 2000 et 2019. Part dans les débarquements français métropolitains des différentes catégories (en volume)

État écologique des populations exploitées en France métropolitaine entre 2000 et 2019. Part dans les débarquements français métropolitains des différentes catégories (en volume).

La science a contribué à cette évolution favorable des populations. La progression des connaissances a permis d’éclairer les gestionnaires et d’appuyer leurs décisions. La part des espèces non évaluées dans les débarquements français a baissé de 23% en 2000 à 17% en 2019. De la même manière la part des populations non classifiées est passée de 13% en 2000 à 6% en 2019. Il est donc aujourd’hui possible de prévoir l’évolution des principales populations exploitées selon différents scénarios de gestion et surtout de déterminer les niveaux de prélèvements compatibles avec l’objectif de développement durable.

C’est grâce aux alertes scientifiques sur l’effondrement du merlu en golfe de Gascogne et en mer Celtique, qu’un plan d’urgence a été décidé à la fin des années 90 avec plusieurs mesures restrictives : quotas, augmentations de maillages des engins de pêche et fermeture de zones. Ce plan a porté ses fruits et la biomasse des reproducteurs est maintenant à un niveau très élevé.

Le scénario est comparable pour le thon rouge en Méditerranée, qui a connu une forte surexploitation dans les années 1990 – 2000.  « Un plan de gestion, renforcé en 2009, a permis de réduire la mortalité par pêche suivant les seuils préconisés par les scientifiques. Depuis, la population est en cours de reconstitution », signale Jean-Marc Fromentin, biologiste à l’Ifremer, et membre de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité). A l’exception du thon rouge, la situation reste très préoccupante en Méditerranée.  

Évolution historique pour trois populations emblématiques, une effondrée, une en bon état, et une en reconstitution

Évolution historique pour trois populations emblématiques, une effondrée, une en bon état, et une en reconstitution.

Par l’amélioration des connaissances sur la biologie et la dynamique de ces populations, l’utilisation d’outils de pêche plus sélectifs, l’adoption des quotas permettant la restauration des populations, et l’ajustement des capacités de pêche aux ressources disponibles, le secteur de la pêche profite aujourd’hui de ressources globalement exploitées à des niveaux plus durables. La profitabilité de la pêche a augmenté de 80% depuis 2008 en Europe (rapport annuel 2019 du CSTEP) et les tendances sont similaires en France, avec cependant une diversité des situations locales. Un maintien à des niveaux plus durables des ressources et des capacités de pêche est aussi source de profits plus durable.